L’ascension du Kilimandjaro

Cela faisait deux ans que je n’étais pas allé à Zanzibar. Comme je « devais » aller visiter les nouveaux hôtels de l’île et qu’il me restait plein de vacances à prendre… j’ai décidé de combiner cette série d’inspections d’hôtels à l’une ascension du Mont Kilimandjaro et quelques jours de safari… Notre correspondant à Arusha, ravi de m’assister pour la réalisation de ce projet, me confirme rapidement un programme qui combine l’ascension du toit de l’Afrique et 5 jours dans les réserves de Tanzanie. Le billet d’avion en poche grâce à Ethiopian Airlines, l’un de nos partenaires pour la Tanzanie, il ne me reste plus qu’à patienter jusqu’au 3 juin, date de mon départ vers Kilimandjaro.

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3 juin 2008
Faire mon sac… Je suis pourtant habitué à voyager et en quelques minutes ma valise est normalement bouclée. Pour ce voyage, je me trouve confronté au casse-tête de choisir entre vêtements d’hiver pour la haute montagne, vêtements de sport pour le trekking et vêtements légers pour Zanzibar. Compte tenu de la capacité de mon sac à dos, je décide finalement de m’en remettre à notre agence d’Arusha qui offre la possibilité de louer le matériel en arrivant sur place. 22h35 : décollage du vol Ethiopian Airlines à destination de Kilimandjaro. Le vol de nuit se passe sans encombre. Après un changement d’appareil à Addis Abeba et une escale à Dar Es Salaam, j’atterris le lendemain en début d’après-midi à l’aéroport international de Kilimandjaro.

4 juin 2008
A l’arrivée, m’attend notre représentant d’Arusha, Joshua, qui me conduit au Kia Lodge situé à quelques pas de l’aéroport. Nous sommes rejoints par John, le guide spécialiste qui m’accompagnera pendant les cinq jours d’ascension. Le reste de l’après-midi est consacré à un petit briefing sur mon programme et les dernières recommandations pour accomplir le trek en toute sécurité. Une revue de mon matériel est nécessaire. On me remet un sac de couchage adapté aux températures extrêmes et on passe en revue tout ce qui est indispensable à une bonne ascension. Pantalon de pluie, pantalon chaud, polaires, lampe torche, bonnet, gants… tout ce que je n’ai pas emporté peut être loué auprès de notre agence locale et me sera remis le lendemain matin par John. Je profite du reste de la journée pour me reposer du voyage, profiter de la petite piscine et surtout me préparer psychologiquement aux 5 jours qui allaient suivre…

5 juin 2008
Vers 8h00, départ du Kia Lodge et route pour Marangu Gate, l’une des entrées du parc de Kilimandjaro. Je profite de la petite heure de route pour vérifier avec John les vêtements qui m’avaient été livrés et écoute attentivement les dernières consignes. A l’arrivée, on me présente toute l’équipe désignée pour m’accompagner pendant mon périple : 4 porteurs, un cuisinier, un guide. Rien que ça ! cette équipe va m’accompagner jusqu’aux 5 895 mètres que nous atteindrons 4 jours plus tard. L’ambiance est excellente. Tout le monde parle parfaitement bien l’anglais et les liens se créent de suite. La première impression sur mes compagnons de route laisse présager de grands moments. Je suis loin d’imaginer ce qui m’attendra quelques jours plus tard… Encore une petite heure pour remplir les formalités d’usage auprès des autorités. J’en profite pour jeter un coup d’œil sur les nombreuses photos qui témoignent de cette magnifique aventure qui démarre. L’excitation commence ! oui… j’y suis vraiment ! Le moment du départ est arrivé ! nous sommes à 1700 mètres et nous partons pour 4 heures de marche à travers la forêt.
Direction Mandara Hut, notre première étape. Cette première journée n’est qu’une simple formalité ! Le dénivelé est plutôt facile et le chemin est tout tracé à travers une végétation tropicale assez dense. Nos porteurs semblent presser d’arriver les premiers. Partis en même temps que nous, ils atteindront Mandara Hut environ 1 heure avant. Certes, ils ont l’habitude d’effectuer ce périple deux à trois fois par mois mais quand même, avec un voire deux sacs à dos d’une quinzaine de kilos dans les bras ! les porteurs auront bien d’autres occasions de m’impressionner lors de la suite du voyage ! Nous arrivons en milieu d’après-midi à Mandara Hut, notre premier refuge, à 2900 mètres d’altitude. L’accueil y est très chaleureux. Le temps de nous installer dans des petites cabanes en bois constituées de lits superposés (elles peuvent accueillir jusqu’à 6 personnes), nous repartons pour une petite marche dans la forêt à la rencontre des singes à crête bleue. Le trajet du retour nous offre un très beau coucher de soleil sur les neiges éternelles du sommet. Le soir, nous apprécions l’ambiance conviviale du gîte où nous rencontrons des voyageurs de toute nationalité. C’est l’occasion d’échanger plusieurs récits de nos voyages.

6 juin 2008
Le réveil est matinal et difficile… surtout après une nuit passée à écouter les cris des singes autour de nos huttes et qui visiblement ont une vie nocturne très active ! Après un copieux petit déjeuner, départ en direction d’Horombo Hut, notre deuxième étape à 3700 mètres. La végétation dense et humide laisse place à des paysages alpins plus rocailleux où se côtoient petits conifères et arbustes d’altitude. Nous marchons environ 4 heures pour atteindre un très beau point de vue : d’un côté, un panorama sur le sommet et de l’autre, une vue sur la vallée que nous laissons derrière nous. Nous profitons de cette pause bien méritée pour déjeuner et nous reposer un pe : l’étape facile de la veille a laissé place à une marche plus physique sur un chemin rocailleux au dénivelé important. Après le déjeuner, encore deux heures de marche : nous arrivons en fin d’après-midi à Horombo Hut qui sera notre avant dernière étape avant l’ascension finale. A 3700 mètres, l’altitude commence à se ressentir et les symptômes apparaissent : maux de tête, maux de ventre, légère ivresse… tout cela annonce une nuit très agréable ! A ces petits désagréments, s’ajoute le froid qui s’intensifie (surtout à la nuit tombée : la température descend sous la barre du 0 pour la première fois de mon voyage). Nous profitons toutefois de cette soirée pour admirer le superbe ciel étoilé qui s’offre à nous. Rares sont les endroits où nous pouvons observer avec une telle netteté les milliers d’étoiles qui scintillent. La nuit passée ne restera pas dans les annales… autour de nous, plusieurs voyageurs sont malades. Le froid et le mal de l’altitude nous empêchent de trouver facilement le sommeil.

7 juin 2008
Je profite d’un magnifique lever de soleil au-dessus des nuages pour prendre quelques clichés. Le plus souvent, les voyageurs qui effectuent l’ascension consacrent une pleine journée à l’acclimatation à l’altitude et reprennent ici des forces avant l’ascension finale. Je n’ai heureusement pas été malade. Nous pouvons nous mettre en route vers le sommet. Cette étape est la plus courte. Nous marchons très lentement car à cette altitude, le manque d’oxygène se fait ressentir : le moindre effort est décuplé. Je suis toujours impressionné par les porteurs qui nous accompagnent et qui parviennent à transporter de grosses charges alors que l’air est quasiment irrespirable. Je cherche continuellement à retrouver un second souffle et les 4 heures de marche que nous effectuons ne sont pas une partie de plaisir. Nous traversons des paysages lunaires dépourvus de végétation et balayés par un vent glacial. Toute forme de vie semble avoir disparu.
Nous voilà à la dernière étape avant l’ascension finale : nous atteignons Kibo Hut (altitude 4700 mètres) en début d’après-midi. Kibo Hut n’est pas l’endroit rêvé pour passer ses vacances. Le paysage est austère, la visibilité est très mauvaise en raison du brouillard d’altitude, il fait très froid (-10°c) et surtout, nous avons beaucoup de mal à respirer. Nous sommes ici à la dernière étape de notre ascension. Nous allons passer l’après-midi à nous préparer le grand final… Dans un dortoir qui permet d’accueillir une trentaine de grimpeurs, nous reprenons nos forces et profitons de quelques heures de sommeil pour nous préparer à la nuit qui arrive. Minuit ! Ce que nous attendions tous arrive enfin. L’excitation et l’adrénaline ont remplacé les maux de tête et les maux de ventre. Nous nous équipons soigneusement contre le froid et nous sommes désormais prêts à franchir les 1195 mètres de dénivelé qui nous séparent du sommet. Sans un mot, nous grimpons laborieusement en zigs-zags sur une pente raide et poussiéreuse. Dans l’obscurité totale, nous nous dirigeons lentement vers Gilman’s Point, le premier sommet, à 5600 mètres environ. L’étape est longue et difficile. Le dénivelé est plus important que tout ce que nous avions gravi les jours précédents et la difficulté est accentuée par l’ivresse d’altitude et le manque d’oxygène.

8 juin 2008
Vers 5h30 nous atteignons le premier sommet. La neige fait son apparition et c’est dans un vent glacial que nous poursuivons notre route vers Uhuru Peak. Cette dernière demi-heure de marche me paraît interminable. Il est très difficile de respirer et l’ivresse d’altitude mêlée à la fatigue devient insupportable. C’est vers 6h00 que j’aperçois enfin le panneau qui annonce les 5 895 mètres. Nous sommes sur le toit de l’Afrique ! On se congratule. Les efforts de la nuit sont vite oubliés et la fatigue est immédiatement remplacée par la joie et la satisfaction d’avoir accompli ce périple. J’assiste à un spectacle extraordinaire, celui de contempler le lever du soleil au-dessus des neiges éternelles du Kilimandjaro. Malgré les conditions extrêmes que nous subissons là-haut, je savoure ce moment pourtant bref (nous ne restons qu’un petit quart d’heure) et je prends de nombreux clichés pour immortaliser ce spectacle.
Il est maintenant temps de repartir. Pendant la descente, je découvre le parcours accompli pendant la nuit et réalise la tâche qu’on a tous surmontée. La nuit blanche et les difficultés rencontrées sont désormais oubliées. Ce dernier jour est le plus long puisque nous redescendons jusque Mandara Hut, notre première étape à 2900 mètres, où nous arrivons vers 19h00. 6 heures d’ascension suivies de 37 kilomètres jusqu’en bas ont été parcourus depuis minuit. L’ascension du Kilimandjaro est terminée. J’ai (enfin) grimpé le Kilimandjaro. Une réflexion à laquelle je n’arrêtais pas de penser sur le chemin du retour. L’accomplissement de ce périple est une grande satisfaction personnelle et cette expérience vécue restera inoubliable.