Pourquoi les prix des voyages s’envolent ?

Nous remarquons depuis le début de l’année 2022 une forte augmentation des prix des voyages. Combien, pourquoi, à quoi s’attendre pour les mois qui viennent ? Monde Authentique sort sa calculette, sa boule de cristal et estime combien vaudra un voyage dans les mois qui viennent.

Sauf si vous habitez une grotte, vous savez que du fait des sanctions contre la Russie, l’énergie manque et que de nombreux producteurs d’électricité, de gaz et de pétrole ont augmenté leurs prix ces derniers mois.

L’augmentation du prix des billets d’avion

Le baril de pétrole brut, qui avait fortement augmenté au début de l’année, a depuis retrouvé son prix du mois de janvier 2022 et le pétrole s’échange désormais comme en janvier autour de 85 dollars le baril. Toutefois, les stratèges suisses d’UBS prévoient un cours à 125 dollars dans les mois à venir du fait de la baisse des réserves et de l’arrivée de l’hiver dans l’hémisphère nord.

Pour les compagnies aériennes, en tout cas, le prix du pétrole augmente car elles achètent “à terme” et que personne ne veut prendre le pari que le prix du baril stagnera ces prochains mois.

C’est presque tous les jours que nous recevons des alertes des compagnies aériennes : ainsi, le 29 septembre, à quelques heures d’intervalle, EMIRATES nous écrivait « une augmentation tarifaire de tous nos tarifs sur l’ensemble de nos cabines est en cours de chargement et sera appliquée à partir du 04 octobre 2022 » (5% sur tous les tarifs), quand QATAR AIRWAYS annonçait sobrement « [qu’]une augmentation de tous nos tarifs publics et privés aura lieu le 10 octobre 2022 » (20 dollars en classe économique et 50 dollars en classe affaires).

L’achat de kérosène représente le tiers des coûts des transporteurs aériens. Les prix des billets d’avion ont considérablement augmenté ces derniers mois. Selon les statistiques de l’Aviation Civile, la hausse des prix des billets d’avion au départ de France entre juillet 2021 (quand des prix très bas étaient observés) et juillet 2022 a été de 43,5% toutes destinations confondues. Sur 3 ans (avant la pandémie, donc…), l’augmentation est de 25 à 30%.

Chez Monde Authentique, nous travaillons avec quelques transporteurs privilégiés par axe. Concrètement, quand nous cherchons le prix d’un billet entre Paris et Bangkok, par exemple, nous lançons une requête chez un petit nombre de transporteurs que nous privilégions.

Juste avant le début de l’épidémie de coronavirus, notre prix cible s’élevait à 850 € sur un vol direct et 750 € sur vol avec un changement, et nous cherchions des solutions à ce prix auprès de 4 transporteurs partenaires.

Cet automne, notre prix cible pour le même billet est de 1050 € sur un vol avec changement et 1200 € sur un vol direct… et nous lançons des recherches non pas sur 4 transporteurs mais 6 ! Pourtant, il est fréquent que nos systèmes ne trouvent pas de solution dans cette gamme de prix (mais nous nous acharnons pour trouver des solutions…)

Cette hausse des prix des billets d’avion est particulièrement sensible entre l’Europe et l’Asie : les espaces aériens ukrainien et russe sont fermés et les compagnies doivent passer plus au Sud, ce qui allonge les temps de vol et entraine une consommation de kérosène accrue.

L’euro perd de sa superbe

Une autre raison majeure de la hausse des prix est la dépréciation de l’euro face à certaines monnaies, et en particulier le dollar américain : la plupart des prix des prestations de voyages sont publiés en dollars. A l’heure où j’écris ces lignes, il faut 1,02 € pour acheter $1. Il y a un an, avec 1 €, on pouvait acheter 1,15 USD.

Le calcul est simple : si le prix d’une chambre d’hôtel était affiché à 100 dollars, nous la vendions 85 € à l’automne dernier et 102 € cette semaine. Et encore ! De manière générale, les prix de l’hôtellerie et des transports à destination ont eux aussi augmenté : la faute aux augmentations des prix de l’énergie, des denrées alimentaires et des salaires.

Les hausses des salaires

Les tensions entre salariés et employeurs sont légion dans les pays dits “développés” depuis des décennies. Il y a deux ans, le rapport de force a clairement basculé en faveur des travailleurs. On parle de Big quit, (“grande démission”) et désormais de quiet quitting (une grève drastique du zèle professionnel). Ces phénomènes sont très inquiétants pour l’industrie touristique, grande pourvoyeuse d’emplois en général peu payés et très exigeants en termes d’horaires de travail (réceptionnistes, personnel d’entretien, de cuisine et de service, guides, chauffeurs, personnel d’assistance et de sécurité dans les aéroports).

Du fait de l’inflation, les salaires minimum augmentent : pour donner l’exemple de la France, le SMIC est passé de 1590 € bruts en octobre 2021 à 1679 € en août 2022, soit 5,6% d’augmentation en 10 mois.

Les emplois de service, traditionnellement mal rémunérés, peinent à recruter des salariés qui sont désormais bien plus exigeants sur leurs conditions de travail. Pour attirer des salariés sur ces types d’emploi (qui impliquent d’être disponible sur une grande amplitude horaire), les entreprises ont dû adapter leurs plannings et fortement augmenter les salaires. Ainsi, dans le secteur de l’hôtellerie en France, une augmentation de 16,33% a été accordée en février 2022 et les partenaires sociaux négocient actuellement la généralisation du treizième mois dans le secteur. 

Chez Monde Authentique, les frais de personnel représentaient 72% de nos dépenses en 2019. La part sera moindre en 2022 car nous sommes moins nombreux, mais les salaires ont été revalorisés en moyenne de 10% cette année et je demande  régulièrement aux salariés de travailler davantage pour absorber la masse de travail (et selon la loi, les heures supplémentaires sont payées à 125%).

Et pourtant, les avions et les hôtels affichent complet…

Malgré les augmentations tarifaires, les avions affichent complet ! Il faut dire que de nombreuses compagnies aériennes ont réduit la taille de leurs flottes : les avions les plus énergivores ont été mis à la casse et le phénomène de la grande démission n’a pas épargné les personnels navigants – horaires atypiques, grande fatigue liée au manque de régularité des horaires, au décalage horaire et au temps passé en vol, nombre de pilotes et de personnels navigants commerciaux ont fait le choix de métiers moins exigeants.

Il en est donc fini de la surcapacité aérienne qui entrainait une tension des prix : face à la pénurie d’appareils et de personnel, les transporteurs aériens affectent leurs avions aux lignes les plus rentables (et ce sont rarement des lignes au trafic à dominante loisirs) et du fait de la baisse de la concurrence, elles n’ont plus besoin de pratiquer des prix bas pour attirer la clientèle.

N’oublions pas non plus le phénomène dit du travel revenge : les restrictions sanitaires des deux dernières années ont découragé certains à voyager. Les conditions sont depuis allégées et nombre de voyageurs veulent rattraper le temps perdu.

Alors concrètement, quelle augmentation prévoir ?

  • Le prix des vols a augmenté de 25% à 30% en moyenne
  • A destination, il faut compter une augmentation de 10 à 15% pour les hôtels et les services. Ajoutez à cela 17% de baisse de la valeur de l’euro par rapport au dollar, c’est encore une augmentation de 30% qu’il faut prévoir (puisque ces 2 augmentations sont cumulatives)
  • Nous observons aussi de nouvelles taxes : visas (payants) obligatoires dans nombre de destinations, taxe touristique… ainsi l’ESTA (l’autorisation de voyage vers les Etats-Unis) est passé de 14 à 21 USD soit 50% d’augmentation le 26 mai 2022. Autre exemple : les autorités thaïlandaises envisagent la création d’une taxe de 300 baths (8 €) pour tous les voyageurs à compter de janvier 2023.
  • C’est du côté de l’assurance voyage qu’il faudra prévoir la plus grosse augmentation : ces 2 dernières années, comprenant que personne n’est à l’abri d’une contamination par le coronavirus la veille du départ, le taux de souscription (la part des clients-voyageurs qui achètent une assurance voyage) est passé de 40% à 90% environ. Vous avez eu raison de souscrire ces assurances puisque le taux de sinistralité à presque doublé (5,5% des dossiers ont été annulés ces derniers mois contre 3,2% en 2019) et que la plupart d’entre vous avez annulé la veille du départ (soit 100% de frais d’annulation). Les sociétés d’assurance ont perdu beaucoup d’argent et, selon les rumeurs, pourraient augmenter leurs tarifs de 30% à 40% environ tout en imposant des franchises de 10 à 15% environ lors des remboursements.

Pour résumer, attendons-nous à des augmentations de 30% environ. Cela veut dire que sur l’Asie, notre prix moyen va passer de 2800 € à 3600 € environ. Sur l’Afrique, notre prix moyen va passer de 4600 € à 6000 € environ.

Nous vous livrons tout de même quelques astuces pour limiter ces hausses de prix.

Comment limiter ces augmentations ?

  • Réservez le plus tôt possible. Les transporteurs ouvrent les réservations 360 jours avant le départ du vol. Soyez les premiers à profiter des prix les plus accessibles
  • Evitez si possible les vols les samedis et les dimanches, toujours plus demandés (et souvent bien plus chers) que les vols les jours de semaine
  • Indiquez-nous une amplitude de dates la plus large possible : si vous pouvez faire preuve de souplesse dans vos dates de voyages, nous pourrons sans doute trouver de meilleures solutions que si vous nous demandez de restreindre nos recherches à une date précise.
  • Voyagez quand les autres travaillent : début décembre, par exemple, juste avant le rush de la fin de l’année, les prix des vols sont abordables et les hôtels pratiquent des prix « basse saison ».
  • Voyagez à contre-courant, surtout en haute saison : laissez-nous vous proposer des endroits reculés, favorisez des hébergements dans les terres plutôt que sur les côtes… ou laissez-nous vous proposer des destinations auxquelles vous n’auriez pensé spontanément.
  • Souscrivez une assurance voyage complète. Si vous devez renoncer à votre voyage (pour des raisons imprévisibles, irrésistibles et pas de votre fait), vous serez ainsi remboursés. Vérifiez que l’assurance voyage que propose l’agence ne fasse pas doublon avec l’assurance incluse par votre banque si vous payez avec votre carte bancaire, mais vérifiez bien que les clauses “liées aux risques épidémiques” n’en soient pas exclues.

 

Malgré ces précautions, prévoyez au moins 15 à 20% d’augmentation par rapport aux prix des années pré-covid. Et souvenez-vous que la qualité a un prix : un vêtement en soie coûtera toujours plus cher qu’un équivalent en synthétique ; un petit plat raffiné préparé maison à base de produits frais de qualité reviendra toujours plus cher qu’un plat industriel.