L’Asie du sud-est, un monde en mouvement

Dire que le vivier de la croissance mondiale est en Asie est devenu un lieu commun. Portés par la croissance chinoise, les pays d’Asie du sud-est changent à toute vitesse. Les voyages de Fred au Vietnam en février et au Laos et au Cambodge le mois dernier lui en ont encore donné l’illustration. Explications : 

Je suis retourné au Cambodge et au Laos le mois dernier et comme après chaque séjour en Asie, mes impressions de voyage sont fortes et contradictoires tant le dépaysement revêt différentes formes, même pour l’habitué de la région que je suis devenu.
Le  sentiment d’un monde en pleine transformation ressort naturellement. Le développement économique et son ouverture au monde révèlent autant d’opportunités pour les populations que de menaces pour leurs identités.
Amoureux de ces destinations, avons-nous un rôle à jouer dans ces transformations ? Simple spectateur d’un monde en mouvement, ou bien acteurs d’un développement à vocation humaine ?

Capitale d’un pays récemment ouvert au capitalisme, Hanoï est loin de la mégalopole asiatique au rythme débridé (sic) comme peuvent l’être Shanghai, Hong Kong, ou Bangkok. La ville conserve ses quartiers pittoresques, ses bâtisses héritées de l’époque coloniale française, et l’effervescence de ses habitants quasi tous motorisés à 2 roues….

Victory_Monument_Bangkok

Longtemps restée une grande bourgade, Hanoï s’étire maintenant en faubourgs qui rejoignent les régions de Hoa Lu et Nin Binh ainsi que Haiphong. Désormais, rejoindre ces sites par la route donne l’impression de ne pas quitter la capitale du Tonkin, et l’on semble la traverser en passant de quartiers en quartiers.

Pourtant, au détour d’un pâté de maison, des rizières cultivées par des vietnamiens au chapeau conique traditionnel rappellent qu’il y a peu c’était la campagne.

Quittés ces faubourgs en développement, le Vietnam rural est demeuré intact et rappelle aux voyageurs les images et récits tirés de l’Indochine française. L’authenticité du Vietnam reste accessible aux plus curieux, qui sauront prendre le temps d’accéder aux régions plus reculées, loin du tumulte des villes.

Coincés géographiquement entre les 2 puissances économiques régionales que sont le Vietnam et la Thaïlande, le Laos et le Cambodge ont longtemps été oubliés de la mondialisation. Marqués par un communisme dur, pour ne pas dire meurtrier, et coupés du monde par des régimes paranoïaques, ces deux pays s’ouvrent enfin au monde.

Les investissements étrangers ont permis le développement des infrastructures et l’amélioration des conditions sanitaires, rendant le tourisme plus accessible et plus seulement réservé aux plus baroudeurs. Ce secteur économique vecteur d’emplois directs et indirects favorise le développement de régions entières, et offre enfin à certaines populations l’espoir d’un avenir pérennisé. 

Encore plus qu’au Vietnam, le développement économique du Laos et du Cambodge est vite oublié une fois sorti des agglomérations. Sur les routes qui mènent aux temples reculés du site d’Angkor, ou sur les flots du Mékong qui mènent aux grottes de Pak Ou, on ressent une impression de voyager dans le temps. Entourés d’une nature exubérante qui semble encore inviolée, les villages sont construits le long des routes comme au Far West, et composés de maisons traditionnelles sur pilotis.

C’est une autre impression de voyager dans le temps qu’offrent le nord Laos et le nord Vietnam. Aux confins de ces pays, souvent à cheval entre plusieurs frontières qui n’ont d’existences réelles que sur les cartes, vivent certaines minorités ethniques attachées à des coutumes, croyances, et langues, héritées depuis des siècles et demeurées intactes.

Des heures de route ponctuées de marches dans la jungle sont nécessaires pour les côtoyer, les approcher, et quand cela est possible, visiter leur village. Il est clair que pour ces populations, le développement asiatique n’est pas encore d’actualité et représente une inquiétude  plutôt qu’une chance.

La menace que fait peser le développement sur ces pays revêt des formes variées. La plus insidieuse est peut-être justement celle liée à la préservation des identités et des patrimoines.

S’il n’est pas maitrisé, le tourisme peut transformer les cultures en folklore. La fréquentation intensive de certains sites risque d’altérer leur préservation et réduit leur caractère mystique.
Dans les villes, la spéculation immobilière menace de faire disparaître les édifices témoins du passé, pourtant patrimoine encore vivant faisant lien entre les générations.

Enfin, la société de consommation arrivée récemment, risque de transformer les rapports entre les populations en favorisant l’individualisme au détriment des solidarités ancestrales.

Les transformations que subissent les pays d’Asie du sud-est, et en particulier les pays anciennement communistes que sont le Vietnam, le Cambodge, et le Laos sont à leur échelle de véritables révolutions.

Parcourir ces pays, c’est donc aller au-delà de la découverte un peu fantasmée de l’Indochine française. C’est découvrir les contrastes d’un monde où cohabitent des contradictions majeures, celles que vivent toutes les cultures ancestrales partagées entre préservation et transformation.

Rescapés de régimes visant à détruire les héritages du passé, le patrimoine et les cultures ont d’autant plus de valeurs pour des pays où la majorité de la population est jeune.

Prenons donc le parti de contribuer à la nécessaire prise de conscience des populations locales par l’intérêt que nous leur portons, en décidant de les découvrir, de les apprécier, et de les faire partager. Gageons que l’intérêt que nous leur portons sera un encouragement à la préservation de leurs valeurs et donc à leur survie.      

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