Yasmina en Argentine et au Chili

Invitée à découvrir le Remota Patagonia en Patagonie chilienne et la célèbre croisière Australis, de Punta Arenas à Ushuaia, je vais profiter de ce voyage pour réaliser un vœu, revenir à Buenos Aires où j’ai vécu il y a quelques années, et un rêve, découvrir enfin le glacier Perito Moreno en Patagonie argentine.

Quatre ans après avoir quitté Buenos Aires, je suis de retour. Je sais qu’en ce début du mois de décembre, il va faire chaud, moins qu’en Janvier où les Porteños quittent la capitale étouffante, mais bien plus qu’à Paris, où l’hiver est déjà bien installé. Mais cela n’est qu’en arrivant que je réalise que c’est bel et bien l’été, ici, et surtout, que la ville m’offre un visage que je ne connais pas, puisque je l’ai bien connue, mais en automne, en hiver et au printemps seulement. Dans mon hôtel, à Palermo, la fatigue du vol et la chaleur contribuent à une sensation étrange. Je n’ai pas l’impression de retrouver « ma » ville, même si rien ne semble avoir changé. Je me sens un peu comme une Parisienne à Paris pendant les grandes vacances…

Le lendemain, à peine remise du décalage horaire, je quitte Buenos Aires pour El Calafate. Si Bariloche, San Martin de los Andes et les autres jolis coins de la Patagonie du nord n’ont aucun secret pour moi, voilà plusieurs années que je souhaite aller en Patagonie du sud. Ça n’était jamais le bon moment, jamais la bonne saison. L’expérience est à la hauteur de l’attente, le glacier est fascinant et majestueux. Je n’ai pas de mots pour décrire ce que je vois, l’immensité, la couleur et l’atmosphère du glacier font partie des choses à voir au moins une fois dans une vie.

Je traverse quelques jours plus tard la frontière chilienne, direction Puerto Natales, près du parc Torres del Paine. Si cela semble rapide et facile une fois résumé en quelques mots, dans la réalité, il n’en est rien. Je m’étonne encore de l’absence de transports alternatifs au bus (long) ou à la voiture privée (cher). Il n’y a pas de vol entre El Calafate en Argentine et Punta Arenas au Chili. Le transfert en bus prend près de 6 heures, dont 2 au poste de frontière, où chacun des voyageurs est soumis à un contrôle des bagages des plus zélés. Avant que mon tour n’arrive, je m’empresse de déguster les quelques prunes se trouvant dans mon sac… Après 6 heures dans un bus inconfortable, mal aéré et rempli de routards excités à l’hygiène douteuse, arriver au Remota Patagonia est presque un choc. Tout est si beau, si calme, si raffiné que c’en est presque déroutant, pendant les premières minutes. Le lieu ne ressemble à aucun autre, la grande bâtisse et les matériaux bruts, naturels, qui la composent font penser à un relais de montagne moderne et disproportionné, et dont le luxe se situerait dans les moindres détails. Je me promène très lentement dans les couloirs aux très hauts plafonds et aux immenses baies vitrées, le vent souffle vraiment fort, dehors.

Le concept de Remota Patagonia, lui aussi, est original : du « tout inclus » haut de gamme, où plus rien n’a d’importance une fois que vous passez les grandes portes d’entrée. A Torres del Paine, je croise la bande de voyageurs du bus et les salue. J’ai l’impression de voyager dans des conditions complètement différentes des leurs et c’est le cas. En lieu et place d’une visite en groupe au rythme bien cadré, au pas de course, et d’un sandwich avalé rapidement dans un bus, je suis seule dans ma voiture avec la guide et le chauffeur, qui s’adapte au moindre de mes souhaits, et c’est un pique-nique de luxe qui apparaît comme par magie à mon retour d’une petite marche dans le parc. Chaque soir à Remota, les « invités » réunis autour du feu par les guides décident de ce qu’ils voudront faire le lendemain, un verre de délicieux vin chilien ou un chocolat chaud à la main…

Les 3 jours passés à Remota Patagonia seront trop courts, mais je ne suis pas si triste de partir car mon voyage va atteindre son apogée quelques heures plus tard : je vais embarquer à bord du Mare Australis à Punta Arenas, pour une croisière d’expédition de 4 nuits. Je ne suis habituellement pas du tout « croisière » mais il ne s’agit pas ici d’une croisière comme les autres : le bateau est tout petit, à peine une centaine de personnes à bord, mais surtout, il va où aucun autre ne va, à travers les fjords du sud du continent américain, de glacier en glacier, jusqu’à atteindre le mythique Cap Horn.

Le Mare Australis…à gauche sur la photo

A bord, le temps prend une autre dimension. En dehors des excursions quotidiennes, d’un niveau exceptionnel, et des repas, excellents étant donné les conditions, rien ne vient troubler les journées qui s’écoulent doucement, offrant chaque jour une expérience différente et inoubliable. De la visite d’une colonie d’éléphants de mer en pleine mue, à la célèbre Avenue des Glaciers, jusqu’à l’arrivée de nuit à la mythique Ushuaia, et sans oublier bien sûr l’approche du symbolique Cap Horn, chaque moment de ces 4 journées est extraordinaire.

De retour à Buenos Aires, quelques jours après, je me sens extrêmement sereine et heureuse de ce voyage. Je crois que la Patagonie m’a ensorcelée, comme bien d’autres. A Buenos Aires, il fait un peu plus frais, je suis en forme, je retrouve ma ville préférée et je me souviens pourquoi je l’aimais tant.