Les îles Vestmann



L’archipel des Vestmann, situé à 10km de la côte sud de l’Islande, possède la plupart des ingrédients qui rendent le pays attractif : des paysages sauvages, des volcans actifs, une grande colonie de macareux moines, de superbes sentiers de randonnée, des infrastructures de qualité, une histoire tumultueuse… bref, un vrai petit paradis entre terre et mer, facilement accessible en ferry depuis la côte.

Seule Heimaey, la plus grande des îles, est habitée, et donc visitable. Le reste de l’archipel est composé de gros rochers émergés ainsi que d’une autre île, Surtsey, née à la suite d’une éruption sous-marine entre 1963 et 1967. Cette dernière, consacrée à la recherche et interdite aux visiteurs, faisait alors près de 2km² mais l’érosion naturelle l’a depuis rétrécie de moitié.

L’archipel des Vestmann, les « îles des Hommes de l’Ouest »

Vestmannaeyjar, littéralement « les îles des Hommes de l’Ouest », fait référence à une histoire sordide, mais presque courante pour l’époque, qui s’est déroulée au IXème siècle dans le sud de l’Islande. A cette époque, l’Irlande était le pays le plus à l’ouest que les populations d’Europe connaissaient. Les Irlandais étaient donc communément appelés les « hommes de l’Ouest ». Or, des témoignages relatés par un moine dans le manuscrit De Mensura Orbis Terrae font état d’une première occupation de l’Islande par des moines irlandais dès le VIIIème siècle, soit un siècle avant l’arrivée des Vikings scandinaves. Ces derniers, n’étant pas réputés pour leur tendresse, se sont empressés de soumettre les moines irlandais à l’esclavage. Cependant au milieu du IXème siècle, certains d’entre eux se sont insurgés contre leur maître, le fermier Hjörleifur Hróðmarsson, qu’ils finirent par tuer avant d’aller se réfugier, par craintes de représailles, sur les îles Vestmann dont les littoraux offrent de nombreuses cachettes. Malheureusement pour eux, le frère du fermier les retrouva et leur sort devint funeste…

C’est donc en mémoire de ces valeureux moines irlandais que l’archipel a pris ce nom.

Une activité volcanique intense qui façonne les îles Vestmann

A l’image du reste de l’Islande, l’archipel des Vestmann est d’origine volcanique : en effet, l’Islande se situe sur la faille médio-atlantique qui sépare les plaques américaine et eurasienne, mais également au-dessus d’un point chaud (présence importante de magma dans le manteau terrestre). Ainsi, les témoignages naturels de cette activité volcanique intense sont nombreux, mais ne relèvent pas tous d’un passé lointain.

Les îles Vestmann sont l’exemple parfait du façonnement régulier de l’Islande. Si les prémices de leur activité volcanique remontent à quelques centaines de milliers d’année (ce qui reste assez récent à l’échelle de notre Terre), l’émersion des différentes îles remonte en moyenne à 10 000 ans. La plus jeune, Surtsey, fêtera même en 2024 ses 60 ans seulement ! En effet, ce petit îlot d’à peine 1km² aujourd’hui s’est formé à la suite d’une éruption qui a démarré en novembre 1964 et s’est terminée en juin 1967.

Heimaey, l’île principale, a de nombreux atouts et une histoire passionnante, bien entendu relative à son activité volcanique. En 1973, elle a subi l’une des plus grosses éruptions de son histoire. Dans la nuit du 23 janvier, le volcan Eldfell qui surplombe aujourd’hui le port s’est formé suite à une éruption fissurale, projetant de manière soudaine une grande quantité de lave et de scories. Toute l’île fut évacuée d’urgence, abandonnant maisons et souvenirs en quelques heures. Le déversement important de lave menaça l’entrée du port d’être condamnée, suscitant de la part des pompiers et de très nombreux bénévoles un redoublement d’efforts, jour et nuit, pour bloquer les coulées de magma. Grâce à l’intervention de bateaux pompes qui projetaient de l’eau de mer sur le cratère, puis de pompes encore plus puissantes acheminées par avion depuis les USA, l’éruption put être maitrisée au bout de quelques mois. L’île s’était agrandie de plus de 2km² et avait profondément transformé le paysage à l’est du port, que ce soit par l’apparition de nouveaux champs volcaniques ou la destruction de nombreux habitats.

Les îles Vestmann, paradis des randonneurs et des amoureux de la nature

Si l’économie générée par la pêche reste importante, et que la tradition de la chasse aux œufs de macareux rentre quant à elle davantage dans le folklore, c’est aujourd’hui le tourisme qui génère le plus d’activité dans l’archipel.

Grâce à l’implantation de nombreuses infrastructures de qualité et à un patrimoine naturel exceptionnel, les visiteurs se régalent d’une randonnée sur le sommet de l’Eldfell, de l’observation de la plus grande colonie de macareux de l’Islande, d’une sortie en bateau autour de l’île et de bien d’autres activités proposées sur place. Par exemple, le parcours de golf local, entouré de magnifiques falaises, est reconnu comme l’un des plus beaux du pays.

Mais si les îles ont autant de succès, c’est en grande partie grâce à leur histoire volcanique, et une découverte des Vestmann serait incomplète sans la visite du Eldheimar Museum : son exposition permanente est bâtie autour des vestiges d’une maison à moitié enfouie dans la lave et relate les évènements survenus suite à l’éruption de 1973. Emotion garantie.

Comment et quand se rendre sur les îles Vestmann ?

Situées à 10km au large du port de Landeyjahöfn, non loin des célèbres chutes Seljalandsfoss sur la côte sud de l’Islande, l’île de Heimaey est accessible par ferry avec plusieurs traversées par jour (7 au maximum durant l’été). Le trajet dure 35min environ, la mer peut parfois être un peu agitée… mais l’arrivée au port reste grandiose, et l’observation de baleines n’est pas rare.

Bien que le ferry fonctionne toute l’année, l’accès aux îles est particulièrement aléatoire en dehors des mois de mai à octobre, la météo pouvant se montrer très capricieuse. La meilleure période pour s’y rendre se situe donc entre la mi-printemps et la fin de l’été. En mai, les macareux reviennent nicher sur les falaises du sud d’Heimaey et y restent jusque courant août. En juillet-août, l’affluence bat son plein, notamment autour du 1er week-end d’août, date à laquelle se tient le plus gros festival de musique rock du pays, et donc bien sûr, la bière coule à flots et les rues ne manquent pas d’animation. A déconseiller aux amateurs de nature sauvage… et de quiétude !

Mai-juin et septembre sont de très bons moments pour découvrir les îles de manière plus authentique, que ce soit à la journée (il est alors conseillé de prendre le premier ferry du matin et de repartir avec le dernier ferry de la journée), ou sur 2 jours. Plusieurs hôtels de qualité et de bons restaurants se partagent les quelques rues du centre-ville.

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