Ramadan « made in Malaysia »

ça fait un mois qu’elle travaille sans boire ni manger… Aujourd’hui, en ce dernier jour de ramadan, Nor se souvient du premier qu’elle a vécu. C’était avant-hier : elle avait 8 ans…

Aujourd’hui, c’est la fin du ramadan, un jeûne qui dure un mois et célébré partout dans le monde par des millions de musulmans. Quand j’entends ou quand je prononce le mot « ramadan », je me remémore immédiatement mon enfance, ma famille et mon pays d’origine, la Malaisie. Malgré les 100 000 kilomètres (au moins..) qui me séparent de lui, tous les ans je continue de faire le ramadan.

Je me souviens encore de l’ambiance toute particulière de mon tout premier jour de ramadan. J’avais huit ans et je voulais faire comme les grands. Le soir, les appels à la prière avaient été nombreux. Ils étaient tardifs et bien plus longs que d’habitude.

Le lendemain matin, à Johor Baru, dans la maison de ma grand-mère, il y avait quelque chose de différent. J’étais encore au fond de mon lit, réveillée depuis longtemps. Je mourais de faim mais je n’avais pas la force de sortir de mon lit.

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Pour me préserver et m’habituer à jeûner, mes parents m’autorisaient à suivre le ramadan, mais uniquement pendant les week-ends. En temps normal, chaque week-end était prétexte à mille jeux avec mes cousines. Nous aimions par dessus tout passer nos journées à grimper aux arbres du voisin pour y récolter les rambutans, des fruits qui ressemblent aux litchis, mais recouverts d’un petit duvet.

Quant nous avions pillé tous les arbres, nous nous attaquions aux champs de cannes à sucre pour casser les bambous et les mastiquer. Malheureusement, pendant Ramadan, et parce que la tentation de croquer ces cannes à sucre aurait été trop forte, il fallait inventer d’autres activités pour faire passer ces longues et chaudes journées.

Sans rien dans le ventre, nous étions trop faibles physiquement et nous préférions nous réfugier dans la forêt, dans l’une des cabanes que nous avions construites avec des bouts de bois et d’immenses feuilles de bananiers. De temps en temps, nous nous jetions dans les eaux froides du ruisseau pour nous rafraichir.

Quand le soir arrivait, on avait l’habitude, avec ma petite bande, de se ruer au « Ramadan Bazar » pour rompre le jeûne tous ensemble. Juste avant l’heure où nous pouvions de nouveau manger, au milieu des étals qui fleurissaient à tous les coins de rue, nous étions terriblement tentés par la quantité de plats succulents… Je ne pourrai jamais oublier le visage de mes parents. Je vois encore leurs sourires éclatants s’afficher sur leurs lèvres au moment exact où le jeûne pouvait être rompu, ils se délectaient d’avance de toutes les spécialités malaisiennes qu’ils allaient pouvoir goûter…

Même les non-musulmans peuvent apprécier le ramadan : surtout les gastronomes qui peuvent profiter de ce mois de fête pour faire papillonner leur palais. Quant à moi, pour rien au monde je ne manquerais de déguster un Rendang et un Ketupat !

Le Ketupat est une boulette confectionnée à base du riz et enveloppée dans une noix de coco. Le Rendang est composé de bœuf ou de poulet. Il est cuit très lentement avec beaucoup d’épices. Mais un voyage en Malaisie pendant le ramadan est aussi une occasion de réviser ses classiques – comme le nasi lemah, les karipaps, les murtabas -, et d’expérimenter d’autres plats que vous ne trouverez pas en France !

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Le point culminant de ce mois de fête (et c’est le moment que préfère), c’est la fin du ramadan. En malais, on appelle la fin du Ramadan le « Hari Raya Aidilfitri ». Tous les ans, à ce moment-là, toute la diaspora musulmane de tout le pays revient dans la ville de ses origines pour y retrouver famille et amis. On appelle ça le « balik kampung » (littéralement, « rentrer au village »).

Pendant cette fête, les Malaisiens portent leurs plus beaux costumes traditionnels, partie intégrante de la société malaisienne. Les prières spéciales du matin ont lieu dans les mosquées. Ensuite, c’est l’ « open house » : on cuisine de grandes quantités de nourriture et on ouvre en grand les portes de sa maison pour y accueillir chaleureusement les voisins et les passants. Cette tradition est un symbole d’ouverture, de tolérance et d’acception de toutes les différences, qualités qui font la force de mon pays.

Le ramadan n’est pas la seule fête que nous célébrons régulièrement. Hari Raya Aidilfitri se célèbre pendant près d’un mois partout en Malaisie (cette année, en septembre). Tous le monde attend ce moment avec impatience. C’est presque le 6ème pilier de l’Islam pour les musulmans malais !

Comme j’ai du mal à décider de la date exacte à laquelle je m’envolerai, je n’ai pas encore réservé mon billet d’avion et je ne sais pas encore quelle compagnie m’emmènera en Malaisie : Emirates, Qatar, Oman Air ou Etihad Airways ? Avec sept vols quotidiens, je sais que Frédérique, qui est habituée à jongler entre les différentes compagnies aériennes partenaires, me trouvera une petite place…

Avant de rejoindre la Malaisie, je profiterai de l’aubaine pour petite escale quelque part en orient. Je connais déjà Dubaï. Entre Abu Dhabi, Oman et Doha, j’ai encore l’embarras du choix !