Voyage au delà des préjugés

Quatre ans que mon ami d’enfance y a été nommé comme cadre expatrié d’un grand groupe français. Quatre ans qu’il insiste pour que je vienne découvrir en quelques jours pourquoi il aime tant cette ville. Quatre ans pendant lesquels j’ai trouvé mille raisons pour ne pas mettre un pied sur ce pays qui ne m’attirait vraiment pas et qui me faisait même un peu peur.

ALGER 1

Il lui aura fallu toute la persuasion dont il est capable pour me convaincre de finalement, en ce week-end d’octobre, découvrir l’une des rares côtes méditerranéennes que je n’avais jamais approchée. A seulement deux heures de vol de Paris, le dépaysement a été total :

Ce que j’ai le plus apprécié ? Sans doute la lumière si extraordinaire des zones méditerranéennes : une lumière unique qui me manque à chaque fois que je visite des pays plus exotiques. J’ai aussi aimé la gastronomie généreuse et savoureuse de Fatma, qui nous a préparé un délicieux couscous à Tipasa et la chorba de Moktar, dégustée sur une terrasse de la haute Casbah. J’ai été surpris de l’indifférence des habitants qui ne semblent même pas apercevoir les rares touristes qui s’aventurent dans cette capitale injustement méconnue.

Je viens de vivre un week-end à l’ambiance « dolce vita ». Il s’est terminé dimanche après-midi à la terrasse d’un grand hôtel, à refaire le monde avec mon ami d’enfance, à tirer un bilan de ses quatre années d’expatriation et sur les appréhensions que j’avais sur son pays d’adoption.

Samedi, je suis parti à la découverte de la mystérieuse Casbah, accompagné d’un guide-historien. Au détour des dédales, on y trouve des constructions décrépites, des échoppes crasseuses, un fumet délicieux, le sourire apeuré d’un enfant… nous y avons gravi des centaines de marches ; nous nous sommes arrêtés à quelques fontaines, avons dégusté des spécialités délicieuses sur le toit d’une petite maison modeste des hauteurs.

Vendredi, escapade à Tipasa, où se dressent des ruines romaines face à la mer. Elles m’ont davantage impressionné que celles des îles grecques. A seulement 70 kilomètres de la capitale, cette visite peut être combinée à d’autres découvertes : le « tombeau de la Chrétienne », aussi appelé « mausolée royal de la Mauritanienne », un déjeuner de poissons frais dans une gargote du port voisin de Bou Aroun, et d’une rafraichissante balade en bateau (et un plongeon dans les eaux turquoise des grottes de Tipasa).

Jeudi soir, mon escapade avait commencée par une note festive : une virée dans une discothèque ou entre rythmes américains, cubains et orientaux, se pressait la jeunesse dorée de la capitale et les expatriés. L’occasion de vérifier que de ce côté de la Méditerranée, les yeux bleus sont un parfait atout de séduction…

Ces trois jours et trois nuits m’ont fait oublier tous mes à-priori sur l’Algérie. Jamais je n’ai ressenti un quelconque sentiment d’insécurité, jamais je n’ai observé d’hostilité ou d’oppression. Oubliez Marrakech, Djerba ou Le Caire… un week-end à Alger, c’est tout le contraire : la lumière éclatante, le goût du miel, des épices et du thé à la menthe, les bâtiments parfaitement mis en valeur par un éclairage suranné, les rues crasseuses qui m’ont rappelé la Havane, Barcelone (celle d’avant les JO de 1992), Athènes, Valparaiso ou Zanzibar… mais si je ne devais retenir qu’un unique souvenir de ce week-end à Alger, c’est l’accueil chaleureux qui m’a été réservé. Je l’avais lu dés l’aéroport, je l’ai entendu partout prononcé la main sur le cœur et il était sincère : « soyez le bienvenu ! »